UN RÉFUGIÉ AFGHAN TRÈS BIZARRE




Les médias et les belles consciences se sont beaucoup émus du sort d'un réfugié afghan de 19 ans, Parwais Sangari. Présent en Belgique depuis quatre ans, il a été expulsé vers Kaboul, ce lundi 9 juillet. Encore une fois, la secrétaire d'Etat à l'Asile, l'immigration et l'intégration sociale, Maggie De Block (OpenVLD), apparaît comme un monstre sans coeur.

Bien cornaqué, notamment par l'avocate Kati Verstrepen, le jeune homme faisait état d'une formation professionnelle, d'un apprentissage rapide du néerlandais et du soutien d'une famille d'accueil. Tout pour devenir un parfait citoyen belge ?

C'est ce qu'a voulu nous faire croire la bonne presse subsidiée, RTBF y compris. RTL-TVI y a vu une bonne histoire de vacances, bien larmoyante et formatée pour arracher des larmes à la dame patronnesse qui se dissimule en chaque Belge, programmé pour éprouver une culpabilité éternelle à l'égard de tout pays au-delà de la Méditerranée, par-dessus le Caucase et à la lisière de l'Asie. Cerise sur le gâteau, un journal a titré, attribuant à Sangari l'argument massue : "Est-ce parce que je suis musulman que la Belgique m'expulse".

L'odyssée de Parwais Sangari relève sans conteste d'un réel drame humain. Pourquoi s'acharner sur lui, alors que le Camerounais Scott Manyo a joui d'une clémence injustifiée : son pays n'est pas un "pays dangereux" ? Sans doute n'était-il pas très opportun de le renvoyer en Afghanistan, royaume de la corruption, refuge de terroristes, plaine de jeu des talibans, patrie du non-respect des droits élémentaires de la femme, terrain de chasse pour les trafiquants pourris comme le président Karzai, son clan et son "gouvernement". C'est aussi un gouffre financier pour les pays étrangers, présents sur place en pure perte, car les sommes investies "pour la paix et le peuple" sont consciencieusement détournées par Karzaï & Co, prêts à s'allier avec ceux qu'ils prétendent combattre.

Pour un occidental, faire escale à Kaboul est tout aussi rassurant que vouloir séjourner dans une cage aux lions affamés. Danger partout, et à plus forte raison quand on se dit proche d'une des myriades d'oppositions — l'Afghanistan reste ancré dans une structure féodale de clans qui se font et se feront la guerre de toute éternité. En l'expulsant, a-t-on renvoyé Parwais Sangari dans la gueule du loup ?

Sans doute. Sauf que... L'histoire qu'il a débitée pour justifier sa fuite d'Afghanistan, en 2008, ne tient pas debout. Une journaliste s'est rendue à Kaboul et a cherché à accumuler les preuves, réclamées par l'Office des étrangers avant de légaliser la présence du jeune Afghan sur notre territoire.

Ce dernier a fait état d'un oncle, Javed Haïderi, prêt à corroborer sa version des faits. Cet "oncle" s'est révélé un ami du père, tellement proche qu'il en est devenu un membre de la famille et que l'on peut l'appeler "oncle". Un vieux truc utilisé par les musulmans pour justifier les regroupements familiaux, par exemple... Le père, Abdul Qayoum, haut gradé des services secrets afghans, aurait été liquidé en pleine rue.

Problème : les services secrets ne trouvent trace, ni d'un Abdul Qayoum, ni a fortiori de son assassinat.

Toujours selon Sangari la maison de ses parents aurait été incendiée au moment même où son père tombait sous les balles des tueurs. Il se fait que les services des pompiers de Kaboul ont été formés par des Américains et qu'ils en ont adopté les procédures d'archivage. "Même une fausse alerte est consignée dans nos livres", affirment le commandant Yar Mohammed et son documentaliste Zabour Khan. Or, on ne trouve pas trace d'un incendie à la date et à l'endroit désignés par Parwais Sangari !

Enfin, le jeune réfugié et son avocate font état d'une lettre d'un parlementaire afghan, Zahir Sadad, confirmant la version Sangari des faits.

Rencontré sur place, Zahir Sadad tombe du ciel : il n'a jamais entendu parler de Parwais Sangari, pas plus que de son "oncle" dont il serait l'ami, ni d'Abdul Qayoum. Pour comble, il n'aurait jamais écrit de lettre à propos de faits dont il n'a eu aucune connaissance et qui paraissent plus que douteux après les  investigations auprès des services secrets et des pompiers.

L'histoire de Parwais Sangari risque de devenir emblématique de l'énorme confusion qui règne dans le domaine de l'immigration. Faut-il rappeler le cas de ces Africaines, prétendant fuir une zone de guerre, où le viol est un fait quotidien ? On apprend, trop tard, qu'elles ne proviennent pas de ces zones, voire des pays déclarés dangereux et qu'elles n'ont jamais été violées. En revanche, elles sont enceintes, accouchent en Belgique, ne peuvent plus être renvoyées et, le temps venu, font venir le père, la famille, la famille du père, au titre de regroupement familial. Les drames humains doivent continuer à toucher notre conscience. De là à sombrer dans la sensiblerie et à devenir les gogos de fabricants d'histoires poignantes, mais fausses...


19-07-2012