AU QATAR, IL N'Y A PAS QUE LE CHAUT QUI CHAUFFE...

Pour représenter la Belgique au sommet de la Terre. à Doha (Qatar), il n'a pas fallu moins de trois ministres : Melchior Wathelet, Evelyne Huytebroeck et Philippe Henry - Une pomme d'amour à celui ou celle qui peut se souvenir de ses attributions, en moins de 5 secondes.

Les télévisions et radios subsidiées ont toutes tendu leurs micros pour recueillir les Impressions de nos Excellences. Qui, à part quelques banalités à faire fuir une réserve de grizzlys malentendants, n'avaient pas grand-chose à dire.

Le sommet s'est révélé un monceau de parlottes agrémentées de moments de détente pour riches - ce n'est pas à Doha que l'on pratique des tarifs de kermesse de village.

Le déplacement de nos ministres et de leurs suites aura coûté quelque 300.000 euros (12 millions de francs belges). Cela range l'inefficacité au prix du caviar et ça fait cher le city-trip ministériel !

Déjà que l'on peut trouver farce le fait que le sommet sur le réchauffement climatique soit organisé dans le pays le plus pollueur au monde par tête d'habitant, sans que les membres de Greenpeace ne s'enchaînent aux puits de pétrole. Mais il y a mieux. Pendant que Mme Huytebroeck promenait son cul sur les remparts de sa folie (merci, facques Brel), l'émir Hamad ben Khalife Al 'Thani du Qatar ordonnait sa justice de sévir contre un de ses sujets récalcitrants - au Qatar, on ne sait pas très bien ce que signifie la séparation des pouvoirs, et la "justice' de l'émir y est même plus puissante que la charia.

Alors que les délégations profitaient goulûment des fort peu halai divertissements de Doha, un tribunal condamnait un poète à la prison à perpétuité. Son crime ? Avoir osé célébrer les printemps arabes (encouragés par l'émir) et plaidé pour des réformes au Qatar.

Les révolutions ailleurs. oui, au Qatar, non ! A 36 ans, Mohammed al-Ajaml se voit promettre un avenir à l'ombre, Fût-il considéré comme le plus grand écrivain de son pays.

Raisonnons par l'absurde. Imaginons que ce sommet ait eu lieu en Israël. Poussons encore plus loin l'aberration : nos ministres belges s'y seraient rendus, en compagnie de tout ce que la planète comporte de Grandes Consciences. On aurait appris qu'un soldat de Tsahal aurait demandé des explications à une palestinienne qui lui aurait craché au visage. C'est alors qu'on aurait vu les délégués à la conférence s'enchaîner à l'entrée de l'esplanade des mosquées, brûler le drapeau israélien, monter dans l'avion sous les flashes des correspondants de presse, s'installer vertueusement dans leur fauteuil première classe, saisir le Conseil de Sécurité, vendre aux journaux leurs souvenirs de victimes des bourreaux juifs. "adeptes de méthodes rappelant les heures les plus sombres de l'Allemagne, entre 1933 et 1945"...

Nous rêvons. Ou alors, il faut croire que les délégués auraient adopté l'attitude qu'ils ont prise à Doha : pas un mot de protestation contre la condamnation arbitraire du contestataire al-Ajami. Indignation ? Connais pas.

Pas un rictus désapprobateur pour cette dictature pétrolière qui ne sait quoi faire de son fric. A part acheter les Grandes Consciences et leur silence...


13-12-2012