Accueil » 2012-09-09
TOUCHE PAS À MA VILLE!

TOUCHE PAS À MA VILLE!





Ce n'est évidemment pas une révélation, mais quel chagrin... Bruxelles est devenue une ville invivable.

Chers amis du Mrax décapité et du Centre de l'Egalité etc, je ne parlerai pas d'immigration, d'islamisme, de voiles, de barbus, d'incivilités, d'émeutes, du "mal vivre" que vous appelez le "vivre ensembles", faute de disposer d'un vocabulaire de plus de 500 mots, dont 200 issus du jargon soixante-huitard - le "vivre ensemble", c'est la vie en société, non ?

Non, cette fois, je vais adresser mes banderilles aux responsables de l'aménagement du territoire. Les auteurs des Pras (Plan Régional d'Affectation du Sol) et autres cuistres qui s'imaginent inventer des villes comme les soviétiques le faisaient en Sibérie à la grande époque du PPP (petit père des peuples) Joseph Djougachvili, dit Staline. Autant vous le dire tout de suite : je n'éprouve guère d'affection pour vos affectations, ni pour vos mines affectées. Vous ètes les assassins des villes. Tout ce que vous touchez se transforme en années de plomb.

Dernier exemple : le réaménagement de la zone du canal (Charleroi à Willebroek), à Molenbeek et à Anderlecht. Quelques irresponsables ont été payés pour inventer un quartier. C'est de l'argent du contribuable, donc des Molenbeekois et des Anderlechtois, entre autres. Votre Pras a coûté un pont (sans mauvais jeu de mots), mais ça ne vous aurait rien coûté d'observer, de demander leur avis aux gens et de vous informer sur le passé.

Jamais un quartier ou une ville conçus dans des tours d'ivoire (des empyrées ou en vases clos, selon votre degré d'instruction) n'ont été des succès. Regardez Louvain-la-Neuve : une ville morte le dimanche et pendant les congés universitaires. Et cependant, sur le papier, ç'aurait pu être un paradis. Il en va de même, dans la banlieue de Lille, à Villeneuve d'Ascq, ville artificielle devenue ghetto et tenante de records dans le domaine de la criminalité. Et, en Angleterre, Milton Keynes, autre ghetto mortellement ennuyeux.

Un quartier, cela se construit, cela vit et cela survit grâce aux gens. Précision: les gens, ce sont ces drôles d'animaux que vous ne fréquentez guère, car votre contentement de soi vous engage à ne pas vous salir les mains en vous mêlant à eux.

L'histoire du quartier du canal, à Molenbeek et Anderlecht, devrait servir de modèle. Avant que Molenbeek ne devienne le "Manchester belge", comme disait Jack London qui y passa brièvement, il n'y avait que des champs, des terrains vagues. des potagers au bord du canal. Des manufactures, des ateliers, des usines s'y installèrent. Les matières premières leur arrivaient par voie maritime depuis Anvers les produits transformés étaient expédiés par voie maritime vers le monde entier.

Ce n'est pas pour rien que des minoteries se reflétèrent dans les eaux du canal. Le blé arrivait par péniches entières, il était moulu, la farine, réexpédiée. On y vit aussi une sucrerie, devenue un lieu de spectacle, "la Raffinerie du Plan K": un de ces machins cultureux qui ne rapportent pas un sou, font vivre une camarilla d'artistes bien en cour à la Communauté Française, et qui se... sucrent au passage. Les betteraves arrivaient par péniches entières, le sucre était raffiné puis envoyé au-delà de nos frontières.

Il n'y avait pas seulement les bateaux. Des minoteries, de la raffinerie, des ateliers de ferronniers partaient des charrettes pleines de marchandises destinées aux marchés, foires et boutiques lointaines. Qui dit charrette pense aux chevaux. On vit donc se bâtir des écuries et des petits commerces s'installèrent : sellerie, maréchal-ferrant... Comme il fallait bien remplacer les canassons trop vieux, naquit un marché aux chevaux, qui subsista jusque dans les années 1990.

Pour les usines, il fallait des ouvriers et des employés. Un petit peuple, venu essentiellement du centre de Bruxelles (les Marolles, entre autres) et de la région gantoise (des immigrés, hé oui...). Un petit peuple qui louait ses bras, comme on disait au temps où les péteux clans votre genre ne tenaient pas le haut du pavé et imposaient leur loi.

Il fallait bien les loger. Les habitations, ce furent d'abord les maisons réservées aux cadres supérieurs : monsieur l'ingénieur, le chef du personnel... Puis, certains patrons sociaux construisirent des maisons pour les ouvriers. Ce n'étaient pas des phalanstères, comme celle que vous voulez détruire près du pont Van Praet, inestimable témoignage d'archéologie industrielle, qui n'a pas trouvé grâce dans un de vos Pras. Pour nourrir cette population, il fallait des boulangers, des bouchers, des épiciers. Qui engageaient des apprentis, des grouillots, des porteurs. Pour instruire les enfants, il fallait une école. Pour sauver les âmes (une préoccupation primordiale, à l'époque), une église. Et un presbytère pour monsieur le curé.

Le quartier était né. On traça des rues, les tramways hippomobiles passèrent à la vapeur puis à l'électricité. Bientôt, le Molenbeek historique, près de la Porte de Flandres, se confondit avec le quartier du canal.

Vous aurez peut-être remarqué que ce quartier n'a pas été conçu dans des officines qui font Pras. Ce sont des entrepreneurs qui s'y sont installés les premiers, pour des raisons d'opportunité et de facilité d'accès. Puis le monde ouvrier a investi les lieux. Et pour répondre à leurs besoins, les petits commerces sont nés tout naturellement. L'histoire ne se répète pas, dit-on. L'ennui, c'est que vous l'ignorez. Vous pouvez certainement parler de "l'horreur de la période coloniale belge au Congo", mais vous dédaignez l'histoire de la vie quotidienne.

Votre Pras "pour ressusciter le quartier du canal en est la preuve aveuglante. Vous prévoyez des zones d'habitation, sans savoir qui viendra s'y installer. "Nous pensons à l'explosion démographique, annoncée pour 2030", affirmez-vous. Certes. Mais pourquoi vouloir parquer des gens qui n'auront aucune raison de venir habiter dans vos immeubles. "Nous prévoyons des zones d'activité", poursuivez-vous. Certes. Mais quelles activités? Et croyez-vous que ces activités seront en concordance avec le degré de formation et les orientations professionnelles des habitants que vous voulez attirer ?

"Et des zones de commerces". Certes. Vous êtes-vous promenés dans Bruxelles et avez-vous dénombré le nombre de petits commerces qui ferment leurs portes ? On ne va tout de même pas installer des C&A, des Aldi, des Media Markt, des Wibra dans tous les coins de la capitale - au reste, ces derniers préfèreront s'installer hors du centre (les GB et Delhaize fuient le quartier de la Bourse), à Uplace, par exemple. Quant aux instances politiques de Bruxelles-Ville, elles ne rêvent que de créer des centres commerciaux en périphérie (Neo, au Heysel ; Under the sky, au pont Van Praet) sans doute pour promouvoir les petits commerces, étranglés par des loyers prohibitifs. "Et des zones vertes, et des zones de loisirs". Certes. Mais pour qui et pour quoi faire ? Des zones vertes pour des gens obligés d'aller travailler ailleurs ? Des tables de ping-pong pour les enfants qui s'ennuient ?

Non, messieurs, vos Pras font prout. Mais bien évidemment, vous avez raison. Vous êtes dans l'air du temps. Une société dépersonnalisée, largement minée, incapable d'inventer, de produire à grande échelle. Une société gangrenée par la multiplication d'emplois "non marchands", subsidiés grâce aux impôts des "marchands", que l'on écrase d'impôts et qui suscitent la haine des Attila des syndicats.

Et puis, on vous remerciera, car vous aurez fourni du travail aux entrepreneurs. Cela permettra de publier des chiffres d'emploi mirobolants juste avant les élections. Sauf que les matériaux ne sont plus fabriqués en Belgique et que les boulots dans le bâtiment disparaissent à la remise des clés aux propriétaires (s'il y en a...). Et les ouvriers du bâtiment sont de moins en moins du genre sédentaire ; la flexibilité, ils connaissent. Ce ne sont pas eux qui s'installeront dans vos Pras. Ecoutez la vie, chers auteurs de Pras. Comme on le faisait autrefois, quand la Belgique occupait les premières places dans le classement des pays les plus riches...

Alain De Kuyssche

13-09-2012

Keski s'est passé cette semaine 13-09-2012

Keski s'est passé cette semaine 13-09-2012



VOILE OU PAS VOILE ?

VOILE OU PAS VOILE ?



Avec la rentrée des classes réapparaissent les faux problèmes. Plutôt que de s'occuper du financement des écoles, nos instances en attente d'élection (mais elles vous jureront, main sur le porte-feuille, que les élections, c'est un détail mesquin) focalisent leurs énergies sur des problèmes aussi fondamentaux que "voile ou pas voile à l'école ?". Il convient de flatter le vote musulman (celui qui n'existe officiellement pas) et de militer pour "La Liberté", "La Diversité", "Le Respect", avec des tonnes de majuscules. Vous souvenez-vous de Nabela Benaïssa, la grande soeur de la petite Loubna, assassinée par Patrick Derochette, en 1992 ? Que nous l'a-t-on pas exhibée, tout voile dehors, la citant en exemple de ces "beurettes" moralisantes. A peine si on ne nous faisait pas croire que sans le voile, pas d'issue pour notre société décadente. Gare à celui ou celle qui osait émettre de simples réserves sur le port du voile islamique.

Et, aujourd'hui, le Centre pour l'Egalité des Chances traque ceux qui insinuent que certaines dames portent le voile afin de ne pas devoir travailler. Le Centre préfère incriminer les employeurs refusant les voilées que faire comprendre à ces dernières que le voile est un signe de soumission à l'arbitraire masculin et, par-là, l'allégeance à un courant religieux qui vomit la civilisation occidentale - mis à part les allocations et les avantages pécuniaires de la sécurité sociale.

Aujourd'hui, Nabela Benaïssa est avocate aux Etats-Unis. Et elle a tombé le voile. Pas folle ! Nous ignorons si elle se sent toujours une excellente musulmane, mais si c'est le cas, elle vit sa religion sans voile. Et sans emmerder son entourage.

13-09-2012